L’écoute… Pierre angulaire de la lutte contre les violences conjugales
A l’occasion de l’ouverture du Grenelle des violences conjugales le 3 septembre dernier, Emmanuel Macron a passé quelques heures en immersion au 3919, le numéro national de référence pour les femmes victimes de violences.
Il a assisté à l’appel d’une femme. Elle est à la gendarmerie, et vient de porter plainte contre son mari violent. Elle veut partir, mais souhaite récupérer quelques affaires chez elle. Elle demande à être accompagnée par un gendarme, car elle a peur : son mari, qui l’a déjà violentée, est à son domicile. Le gendarme qui la reçoit refuse. Elle appelle le 3919 pour trouver un appui. Mais rien n’y fera, pas même les efforts de pédagogie, de diplomatie même de l’écoutante du 3919 : le gendarme persiste, elle ne sera pas accompagnée.
« Cela arrive souvent ? » Demande le Président. « Oui, et de plus en plus » lui répond-on. Comme les victimes témoignant qu’on a refusé de prendre leurs plaintes. Et les conséquences sont lourdes.
Gülçin Kaplan a déposé plusieurs plaintes contre son ex-mari violent. Elle envoie même une lettre au procureur de la République de Thonon-les-Bains pour lui demander un rendez-vous. « Urgent », prend-elle le soin de préciser. Elle meurt, 10 jours plus tard, en janvier 2019, à 34 ans, poignardée par son ex-mari, sous les yeux de ses enfants.
Le père de Julie Douib, abattue en Corse en mars dernier par son ex-conjoint, témoigne aussi : « Il l’avait dit. Il avait prévenu tout le monde« .
Intolérable, incompréhensible, que rien n’ait pu être fait.
Dès l’ouverture du Grenelle des violences conjugales, 10 mesures ont été annoncées. Plusieurs d’entre elles vient à « garantir aux femmes victimes de violences une protection tout au long de la chaîne de pénale » : Lancement d’un audit de 400 commissariats et gendarmeries, Mise en place d’une grille d’évaluation du danger dans tous les services de police et de gendarmerie, Généralisation de la possibilité de déposer plainte dans les hôpitaux…
Est-ce que cela sera suffisant sur le terrain ? Déployé assez vite ? Certaines associations sont confiantes, d’autres plus sceptiques… Mais toutes restent vigilantes. « Ce qu’on attend, c’est des résultats », a résumé Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des femmes.