Les féminicides au cœur du débat public
La sphère médiatique s’est emparée du sujet des violences faites aux femmes. Plusieurs collectifs et personnalités mettent en effet leur énergie, et leur notoriété, au service de la lutte contre ce fléau. Afin que soient (enfin) mis en place les moyens d’y faire face…
Depuis qu’elle a campé le personnage de Jacqueline Sauvage dans l’excellent téléfilm éponyme, Muriel Robin est devenue porte-parole de la lutte contre les violences conjugales. Multipliant les déclarations, actions publiques et appels au gouvernement, elle a sans nul doute contribué à prolonger la mise en lumière faite autour du sujet.
Mais elle n’est pas seule dans ce combat. La comédienne Éva Darlan et le magistrat Luc Frémiot ont lancé un appel aux autorités à travers une pétition en ligne, « Non assistance à femmes en danger ». Ce dernier explique : « Je suis fatigué de ces effets d’annonces. Il y a des circulaires qui sont faites, mais pas appliquées. En attendant, des femmes meurent. Il faut désormais sanctionner ceux qui n’ont pas bien fait leur travail. C’est la seule solution pour protéger ces femmes« .
Autre action notable : un collectif mené par Caroline de Haas, et composé de figures féministes, a appelé, dans une tribune publiée le 4 juillet dans Le Monde, le président de la République à prendre «cinq mesures immédiates» pour lutter contre les féminicides.
150 sénateurs ont, juste après, publié une tribune dans Libération pour demander «Où est la grande cause du quinquennat ?». Et appeler à des mesures concrètes : création de places d’hébergements d’urgence, déploiement de magistrats, de policiers et de gendarmes spécialisés, meilleur accompagnement des associations qui luttent contre les violences faites aux femmes.
Laurence Rossignol, ancienne ministre des Droits des femmes et sénatrice socialiste, a quant à elle écrit à Nicolle Belloubet et Christophe Castaner pour demander l’ouverture d’une enquête administrative, afin de déterminer « si des fautes ont été commises » par la police, la gendarmerie ou la justice dans la prévention des féminicides.
Engagés dans la cause, célèbres ou anonymes actifs, nombreux sont les déçus des actions mises en place par le gouvernement – qui a pourtant déclaré la lutte contre les violences faites aux femmes et l’égalité hommes-femmes comme grande cause nationale. Et surtout de leur application concrète sur le terrain. Car la réalité des chiffres reste là : ce sont déjà 76 femmes qui sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint depuis le début de l’année.
Et mercredi dernier, le 10 juillet, les chiffres de l’étude nationale relative aux morts violentes au sein du couple en 2018 ont été dévoilés (voir ici). 149 morts violentes au sein du couple ont ainsi été dénombrées dans l’année (151 en 2017 et 157 en 2016), soit un décès tous les 2 jours et demi. 81% des victimes sont des femmes. Et parmi les 28 hommes tués, 15 avaient commis des violences antérieures sur leur partenaire.
Dans le même temps, on apprend que près de 2 % des femmes subissent des violences physiques pendant la grossesse, comme la démontré l’équipe EPOPé 1153 de l’Inserm et de l’Université Paris Descartes (voir l’étude ici).
Le gouvernement, lui, tente de continuer à apporter des réponses. Marlène Schiappa a annoncé que serait organisé de septembre à novembre un «Grenelle des violences conjugales» afin de faire émerger de nouvelles mesures permettant de faire reculer ce phénomène. Pour que la « grande cause du quinquennat » soit enfin suivie d’effets ?